jeudi 16 février 2012

Sucre, lasagnes et camion en rade ...

Aprés avoir sué dans les galeries minières de Potosi, nous voilà désormais partis vers la dernière (déjà !) grosse étape de notre voyage, l'autre ville coloniale majeure du pays : Sucre.

Ce qui frappe de suite, ce sont les paradoxes, nombreux, qui illustrent ces deux villes. Aux petites maisons colorées de Potosi s'opposent les grandes bâtisses blanches de Sucre ; Potosi, ville des mineurs et de la pauvreté urbaine respirait une certaine frénésie de vivre là où Sucre affiche aux côtés de ses grandes richesses architecturales une pauvreté déconcertante. Mais cela peut s'expliquer aussi par le fait que Sucre, deuxième ville du pays, est la "seconde" capitale de Bolivie ...
Une petite visite de la Casa de la Libertad (le musée sur l'histoire de l'indépendance du pays) aura en effet permis à Fanny (Romain étant -de nouveau- malade aura passé l'essentiel de la visite à tenter de ne pas dégobiller ou à chercher les toilettes du musée avant de se faire dessus !) d'en apprendre en peu plus sur ce qu'on appelait autrefois le Haut-Pérou ... Car dans la foulée de la découverte des Amériques et de la colonisation espagnole du Sud du continent (à l'exception du Brésil attribué aux Portugais par le Traité de Tordesillas), le large territoire qui s'étend de l'actuel Venezuela au Cap Horn fut, jusqu'a sa frontière naturelle de la forêt amazonienne, divisé en quatre vastes territoires, appelés vice-royaumes. La Bolivie faisait partie du Vice-Royaume du Pérou et son territoire actuel sur l'Altiplano délimitait à peu de choses prés la région appelée Haut-Pérou. C'est d'ailleurs sous ce nom que le pays proclama, à Sucre, son indépendance en 1825, avant d'être baptisé Bolivie, en hommage à Simon Bolivar, grand artisan des indépendances sud-américaines.

Une rue de Sucre et ses maisons coloniales toutes de blamc vêtues
Afin de ne pas vexer son fidèle second, le Mariscal Sucre, la première capitale, alors appelée La Plata (qui veut dire "l'argent"), fut rebaptisée elle aussi en hommage à l'un des grands héros de l'indépendance des Etats sud-américains et prit ainsi le nom actuel de Sucre ! Après, pourquoi les institutions ont été transférées à La Paz, actuelle et nouvelle capitale de la Bolivie, on n'a pas trop bien compris et on s'en souvient plus trop. Mais bon, vous n'avez qu'à jeter un oeil sur Internet pour trouver la réponse !

Mais si elle n'est aujourd'hui plus la capitale de la Bolivie, Sucre demeure la capitale culturelle et un foyer ardent de contestation du pays. La musique est partout, tout le monde en joue, il y a ici plus de marchands de journaux dans une rue que dans tout Potosi et la ville est dotée de l'une des universités les plus réputées du continent !

C'est donc dans cette ville (et ses alentours) que nous faisons halte, afin, d'une certaine manière, de boucler la boucle commencée il y a prés de 4 mois ! Car rappelez-vous, notre toute première visite fut la Casa Sucre, ancienne demeure coloniale du Mariscal, à Quito ...

Gigi et Andrea nous font de la cuisine italienne !
Pour découvrir Sucre, nous ne sommes pas seuls, car nous sommes toujours accompagnés de Nico (à présent, cela fait presque un mois que nous voyageons ensemble !), d'Andrea et de Luigi, alias Gigi (l'Amoroso !). Nous nous installons tous les cinq dans un hotel (le Pachamama) très sympa, avec jardin, terrasse... Peut-être un peu trop de Français en mode baba-cool pour Romain (qui sortira gueuler de nuit pour avoir le silence !). Et en bonne gourmande que je suis, l'hotel est aussi doté d'une cuisine ! Or, après quelques supplications, Gigi a accepté de nous faire des pâtes italiennes ! Nous avons donc passé deux matinées à cuisiner, avec Gigi aux commandes : courses sur le marché de Sucre, épluchage des légumes, cuisson de la sauce... Bref des pâtes bolognaises faites en  plusieurs heures, avec beaucoup de rires et quelques bouteilles de vin débouchées (il faut en mettre dans la sauce vous comprenez ...), et la curiosité de tous les résidents de l'hotel, y compris des gérantes, qui ont goûté et apprécié le "ragout" de Gigi. Moi non plus, je n'en ai pas perdu une miette, et je suis à présent capable de cuisiner italien, et même de le parler ! Enfin nos discussions sont plus un mélange d'espagnol, d'italien et de français qu'autre chose ! Mais du moment que l'on se comprend ...

Le lendemain, appréciant sa nouvelle notoriété de grand cuisinier, Gigi a relancé ses fourneaux pour cette fois faire des lasagnes pour tout l'hôtel ! Normalement, les hôtes n'ont pas le droit d'utiliser le four, mais pour Gigi, la dame de l'hotel fait une exception ! Il faut dire qu'il est devenu la star de l'hotel, et puis, pour goûter à la lasagne, elle veut bien faire une petite exception ...Et voilà donc deux plats immenses de lasagne distribués à qui en veut ! Délicieux, même si selon moi elles n'égalent pas les lasagnes de Pierrot ... Puis faut dire que la nuit suivante, j'ai été malade comme jamais (non, non, ce n'est pas Romain qui écrit ...) ! Peut-être que la viande hachée achetée sur le marché n'était pas des plus fraîches ...

La bonne sauce bolognaise est prête à être dévorée !
Tout le monde adhère ! Y compris les autres routards de l'hotel venus
squatter une assiette (comme cette Italienne en bas à droite)
Fanny prend le soleil sur la Plaza
25 de Mayo
Fanny visiblement contente de scruter la ville depuis les toits de l'église
Saint-quelque chose (on retient pas tout non plus, hein !)
Romain fait évidemment pareil ...
Les après-midis, après nos dîners italiens, nous les passons à parcourir la ville tous ensemble ... La ville est agréable, le soleil alterne avec la pluie, l'air est doux ...

Une dernière photo avec nos compagnons-de-route.
Deux jours passés, et il est déjà l'heure de nous séparer. Nico part pour Santa-Cruz et le Brésil et Andrea et Gigi partent pour Cochabamba et La Paz. Nous ne sommes pas tristes, car les rendez-vous sont déjà priogrammés pour cet été et puis Nath et Thom arrivent déja le lendemain.

Dimanche, jour du marché de Tarabuco. Retrouvailles avec Thom et Nath, petits déjeuner vite fait et nous partons tous les quatre vers le marché, en compagnie de deux Français (on est donc six) déjà revus plusieurs fois pendant le voyage. Il s'agit de Frédéric et Virginie, croisés à La Paz, avant cela Copacabana et plus tôt encore à Huaraz (rappelez-vous : les naturopathes !). Le village de Tarabuco est très joli, mais pas autant que le travail de tissage réalisé par les gens du coin (qui rivalisent avec l'autre grande culture de tissage locale : jalq'a) et on est également impressionné par les costumes traditionnels, en particuliers ceux des hommes ! Dommage que l'on ait pas de photos à vous montrer, l'appareil photo étant resté à l'hotel ... Par contre, nous pourrons vous faire découvrir en rentrant les tissages du musée des arts indigènes, visité le lendemain ...

Après quelques jours passés à flâner dans la ville, nous décidons de partir avec Thom et Nath en trek pour découvrir le cratère de Maragua. Vu les conditions climatiques et les conseils de plusieurs voyageurs, nous décidons cette fois de prendre un guide pour realiser l'expédition de deux jours. Nous partons avec deux guides-étudiants de Sucre, Pablo et Celia, et deux nouveaux compagnons de route français, Eric et Camille. L'aventure commence ...

Sympas, les voyages en camion !!
Pour nous rendre au début du trek, nous devons d'abord emprunter une piste où seuls les camions passent ... Vous avez compris la suite : nous voici embarqués comme du bétail dans un vieux camion de transport de bestiaux, sans les bestiaux, mais avec une kyrielle de gens du campo (= de la campagne) ! Vu la qualité de la route, le voyage est terriblement sautillant et fatiguant ! 1 heure et demi plus tard, nous arrivons (quasi) au lieu de départ du trek (en fait, nous descendons à dix minutes de là, car le camion, trop lourd pour passer les flaques de boue, demandent à ses "passagers" de descendre et ... pousser !).

Et très tôt, la pluie refait son apparition. Plusieurs chemins que nous devons emprunter se sont effondrés à cause des fortes pluies des derniers jours. Nous voilà obligés de grimper sur les roches, jouer les équilibristes en bordure de précipice, ou encore de parcourir la pampa sans trop d'idée de vers où aller ... Néanmoins, les paysages sont, une nouvelle fois, superbes ! La spécificité de cette région réside dans les nombreuses couleurs de roches : du rouge bordeau au vert bouteille en passant par le jaune ocre et le bleu "jean's", on en prend plein les yeux !

Autre chose marquante, la géologie de cette région ! Pour des géologues (ou assimilés) que sont Nathalie, Fanny et Thomas, le paysage est fascinant ! Pour Romain aussi, notez ! Car s'il ne comprend pas ce que sont ces couches sédimetaires bizarres ou ce qui semble être des plateaux effondrés, nos géologues ne trouvent pas plus d'explications !

Deux géologues en extase devant tant de bizareries !

On y découvre aussi du quartz, de l'obsidienne ainsi que quelques calcaires. La pluie a entre temps cessé mais on n'est pas au sec pour autant ! Car les pluies torentielles des derniers jours ont crées (ou nourris) des rios qui barrent à plusieurs reprises notre chemin ! Saut, équilibre, il faut plus d'une technique afin de braver les cinq ou six rios, parfois impressionnants ... Romain n'échappe pas à la grooosse flaque de boue (où il s'enfonce par mégarde jusqu'au mollet !) tandis que Fanny et Nath manquent par deux fois de tomber à l'eau ! Thomas, lui, se contente de boire l'eau qui sort directement de la roche !

Fanny bat son record du saut en longueur
en marchant sur l'eau ...
Retour aux sources (haha !) pour Thom ...
Finalement, nous arrivons à la tombée de la nuit dans ce fameux cratère aux versants plutôt originaux. Car si le cratère n'est pas à proprement parlé profond, les roches qui l'entourent offrent à la vue de curieux cercles, là aussi, inexpliqués ...

De gauche à droite : Celia, Nath, Thom, Pablo, Eric, Camille et Fanny
C'est donc plein de questions que nous prenons le chemin d'un lit presque douillet quoique rustique au beau milieu du cratère ... Le lendemain, il n'est pas question de traîner ! Car un seul camion passe par la piste située à trois heures de marche ! Heureusement, nous arrivons bien à temps après une marche effrénée au milieu de paysages à nouveau somptueux (on passe même tout près du Cerro Obispo ! Aussi chauve que le "chanteur" du même nom !) ... Mais contrairement à ce que nous pensons, notre journée est loin d'être finie pour autant ...

Après deux heures de voyage aussi incommodant que lors de l'aller (entre un petit vieux-sans-dents qui se pisse à moitié dessus et une grosse mamita assise sur nos pieds, Fanny s'en souviendra, ses jambes étant depuis couvertes d'hematomes !), nous sommes obligés de changer de camion. En effet, un large rio empêche tout passage et un autre camion assure ainsi la liaison jusque Sucre (situé à un peu moins d'une heure de piste du rio). Et comme on est archi-bourrés/serrés dans ces camions, ne v'là-t'y pas que les mamitas nous poussent littéralement pour pouvoir sortir du camion en premières et commencent à courir à travers les buissons et sur le pont surplombant le rio afin d'avoir une place de choix dans le suivant ! Et ce n'est pas leur sac à patate de plusieurs kilos qui les ralentissent ! Et les petits vieux suivent, tout sourire aux lèvres, contrastant fortement avec la réalité humaine que vivent ces gens, obligés de courir chaque jour afin d'avoir une place dans LE camion qui part à Sucre, là où ils pourront vendre leurs quelques pêches ou faire la manche deux jours ou trois avant de rapporter le fruit de leur collecte au village ...

Et pourtant ... cela n'aura servi à rien ! Après 1 minute, le moteur du camion pète ! Nous voici à 1 heure de route en camion de Sucre... sans camion ! Et donc à trois heures de marche de la ville, et un fameux dénivelé à devoir escalader puis descendre ! Mais bon, nous faisons contre mauvaise fortune bon coeur et après deux heures de marche, nous rejoignons les faubourgs de Sucre et leurs lignes de bus ! Le voyage se termine donc dans la bonne humeur, sous un soleil éclatant, avec une fameuse histoire à raconter ...

Quels nuages, n'est-ce pas !
On déplore toutefois un mort : l'iPod de Romain, qui n'aura visiblement pas résister à l'humidité du premier jour  (il était pourtant dans une poche de sac, recouvert par une toile étanche !) ... Si vous avez envie de lui faire un cadeau ...

Le rouge du soleil dans le visage, Romain semble déjà savoir que son iPod
a rendu l'âme ...
Désormais, nous voici rentrés sur Sucre. Thom et Nath filent vers Cochabamba mais nous retrouverons dimanche à La Paz ! Car c'est bien vers la capitale que nous rentrons ce soir (enfin, de nuit), afin de préparer tout doucement notre retour en Belgique ...

Fanny et Romain



1 commentaire:

  1. A voir ces toits, ils donneraient lieu à de belles poursuites dignes des vieux films français (L'emmerdeur, Fantômas, etc.).

    Et après l'épisode des mamitas athlétiques, je me demande bien quelle tête elles ont tiré quand elles se sont rendu compte que leur course n'avait servi à rien...

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