dimanche 15 janvier 2012

Choquequirao, l'autre Machu Picchu

A l'entrée du site,
avec Juana et Nico, deux Routards
rencontrés peu avant le trek !
Selon l'histoire ou la légende, Choquequirao ("Berceau de l'or" en quechua), aurait abrité le dernier bastion de la résistance inca et de l'empereur Manco Capac II face à l'avancée des troupes coloniales espagnoles emmenées par Pizarro lorsque celui-ci pris la cité de Machu Picchu en 1534, deux ans aprés avoir déjà conquis la capitale de l'empire inca : Cuzco.

Choquequirao est ainsi appelé "l'autre Machu Picchu" en raison des caractéristiques tant architecturales que fonctionnelles de son site, qui ne sont pas sans rappeler celles de sa célèbre soeur. Construit vraisemblablement durant le règne de l'empereur inca Pachacutec (1438-1471), le site se dresse à plus de 3.000 mètres d'altitude au milieu de la chaîne de montagne de Salkantay, surplombant la vallée du Rio Apurímac ("Grand oracle" ou quelque chose comme ça en langue quechua, en raison du boucan que produit ce rio qui n'est autre que le début de la fornation du fleuve Amazone). Comme d'habitude, les Incas ont bien choisi leur emplacement et des ruines nous avons vue sur le canyon de l'Apurimac, offrant d'incroyables paysages !


Cette cité perdue ne fut découverte officiellement qu'en 1834 par un archéologue français, Eugène de Sartrige, bien que plusieurs non-Incas avaient déjà foulé de leurs pieds les vestiges de ce qui devait être un centre cérémonial et religieux formant une sorte de porte d'accès vers Vilcabamba, ville inca située en bordure de la selva péruvienne et devenue dernière capitale de l'empire aprés la chute de Cuzco en 1532. Toutefois, il faut attendre la venue en 1909 sur le site de l'Américain Hiram Bingham (connu aussi comme le "découvreur" des ruines du Machu Picchu) pour que le site gagne en popularité et ce n'est que depuis 1970 environ que les premières excavations des ruines ont commencé. A l'heure actuelle, à peine 30 % des vestiges auraient été mis à jour et restaurés !
Si l'on ajoute les quelques terrasses mises à jour sur les flancs de la montagnes,
vous avez devant les yeux les quelques ruines mises à jour à Choquequirao !
Signalons que cette photo a été prise par Romain du haut de la plaine des cérémonies,
sorte de montagne tronquée surplombant le reste du site !

Une partie des quelques terrasses (spécialité inca) mises au jour
Romain joue à l'archéologue : un mur inca qui n'a pas
encore été mis à jour !
Cette mise à jour tardive et la difficulté d'accès au site (on y revient plus bas) a fait que cet "autre Machu Picchu" attire bien moins de touristes et c'est tant mieux ! Cependant, un programme national de restauration placé sous l'égide de la Présidence du Pérou ambitionne de mettre à jour l'ensemble des ruines d'ici... 2012 (Hum...) et d'en faire une sorte de second Machu Picchu, désengorgeant le premier site et permettant de faire rentrer des sous supplémentaires dans les caisses de l'Etat ! Et un téléphérique devrait être construit au-dessus de la vallée pour mener directement les touristes pleins de dollars du village le plus proche au site ! Mais pour l'instant, l'Etat manque de fonds pour un tel projet et, comme nous le disions plus haut, c'est tant mieux ! Car pouvoir admirer les ruines de Choquequirao et les paysages qui les entourent, ça se mérite ! Jugez plutôt ...



De superbes paysages sous un ciel de peintures !
Actuellement, la visite nécessite une marche éreintante de deux jours environ pour accéder à l'entrée du site, s'étalant sur un plus de 32 kilomètres de montées infernales et de descentes vertigineuses qui vous font passer successivement par des altitudes allant de 3000 à 1700 mètres et vice-versa et qu'il faut bien sûr reprendre en sens inverse pour le retour.

Fanny sur la route de Choquequirao ...
A titre d'illustration, voici le parcours que nous avons emprunté durant 5 jours, sur ce que l'on appelle (éronnement) le Camino Inca (le "sentier inca"), qui n'a rien d'inca mais qui demeure le parcours le plus emprunté et donc le plus "touristique" à l'heure actuel :

- Sachez que pour débuter le trek (qui part de San Pedro de Cachora), vous aurez d'abord à rejoindre le village par le biais de différents moyens de locomotion : trajet Cuzco (3.400m) - Ramal de Cachora (3.500m) en bus (4h), puis liaison Ramal de Cachora - San Pedro de Cachora (3.000m) en taxi (20 minutes) d'où démarre le trek (et où vous pouvez louer les services d'un arierro -un muletier- et de sa mule, vivement conseillé !) ;
- Jour 1 : San Pedro de Cachora - Chikiska (1.866 m) : 19 km (dont 9 de descente sèche au cours desquels vous passerez d'une altitude de 3.000 m à 1.866 m) ;
- Jour 2 : Chikiska - Parc archéologique de Choquequirao (2.900 m) : 13 km (d'abord 2km de descente jusqu'au Rio Apurimac (1.700 m) puis 7 km de montée diabolique jusque Manapata (2.900 m) et enfin 4 km supplémentaires de montées et descentes pour ralier le camping (2.966 m) situé à 1,3 km des ruines ;
- Jour 3 : Visite des ruines (3.100 m) et retour à Manapata en fin de journée : 6,6 km (plus la trotte sur les ruines elles-mêmes qui s'étendent sur 1.800 ha) ;
- Jour 4 : Manapata - San Pedro de Cachora : 28 km (qui nous font emprunté la même route qu'à l'aller avec sa descente infernale de 1200 mètres de dénivelé étalonnés sur 7 km, puis la remontée -1300 mètres en 11 km- et enfin le faux-plat jusque Cachora.
- Jour 5 : De retour à San Pedro de Cachora, il faut reprendre le taxi pour remonter à Ramal de Cachora, attraper un bus passant par là pour Cuzco, et manger un bon gros McDo en arrivant !!

Un parcours long, bien que maléable (plusieurs sites où dormir sur le parcours et un nombre de jours de marche qui peut varier), qui décourage beaucoup de gens et que tous ceux qui osent le défier ne parviennent pas à boucler ! Mais une fois arrivés sur le site, on ne peut que s'en féliciter. Nous avons d'ailleurs eu le privilège d'être les seuls touristes l'aprés-midi sur le site des ruines !
Romain vous présente le site de Choquequirao... sous une brume
qui ne rend que plus mystérieuse notre première approche des vestiges !
Le soleil arrivera l'aprés-midi.

Ci-dessous : Fanny parcourt les ruines embrumées pendant que
Romain joue à la momie !




A présent que vous mesurez l'importance et la beauté de ce site archéologique, et la difficulté d'y accéder, je laisse Fanny vous conter quelques anecdotes notre aventure de ces 5 jours de trek, passés en compagnie de deux jeunes Routards bien sympathiques, de "Sam Khiper" notre arriero, de sa mule et ... du grand Pachacamac, le soleil !

[Fanny prend donc le clavier d'assaut...]

Eh oui ! Comme d'habitude, Romain se charge de la partie historique et moi plutôt des petits bonheurs et des petites déceptions... Nous avions prévu de realiser le trek de 5 jours avec deux Chiliennes et un Péruvien de Cusco rencontrés sur le couchsurfing. Pas de bol, la veille au soir du départ, les deux Chiliennes nous font faux bon, puis finalement le Péruvien aussi ! Comme quoi, le sort s'acharne sur moi : pas moyen d'aboutir à une chouette expérience via WWOOF (travail volontaire dans une ferme, toujours pas de réponse à mes nombreux mails envoyés en Equateur, au Pérou et en Bolivie) et via le Couchsurfing (à part qu'à Cusco nous avons soupé avec une chouette fille, Sophie, originaire de Bastogne et qui vit et travaille à Cusco (hé oui!). Mais à 7h du soir, boulversement de situation : Nicolas (un français) et Juana (une Equatorienne de la belle ville de Cuenca, rappelez-vous) me contacte par le couchsurfing justement et décident sur un coup de tête de nous suivre ! Ni une ni deux, nous nous rencontrons et nous commençons directement à organiser le trek : il ne reste que quelques heures pour préparer (courses, matériel de camping, itináraire,...) !

Nico et Juana sur le chemin de Choquequirao
 Mardi 10 janvier, nous voilà donc partis tous les quatre sur le chemin du trek, avec Samuel, notre arriero et sa mule qui porte une partie de nos bagages (les garçons sont obligés de porter une partie pour épargner la mule qui emmène déjà les tentes, une partie de la nourriture, de la vaisselle et quelques habits!). Nous parlons tantôt français, tantôt espagnol; Juana apprend quelques phrases de français et Romain d'espagnol... L'échange comme on les aime, quoi !
Juana et Fanny posent juste aprés avoir franchi le Rio Apurimac
La fameuse ascension va commencer ...
1er jour :
en route pour Choquequirao !
Le premier jour du trek est facile, mais nous arrivons à la tombée de la nuit au camping pour insataller nos tentes et préparer le souper (Romain commente : "Faut dire qu'on nous a fait poireauter deux heures à Cachora de San Pedro le temps de trouver une mule !"). C'est le deuxième jour que l'aventure se corse : après les 2km de descente, 11km de montée, dont 7km très difficiles. Nous avons vraiment eu durs de monter cette montagne sous un soleil de plomb ! Mais quelle récompense, arrivés au sommet : on apperçoit le site de Choquequirao au loin ! Encore quelques efforts et une "bonne" nuit de sommeil (toujours levés à 5h du matin!) pour pouvoir admirer le fameux but de notre trek. Et comme l'a dit Romain, on n'est pas déçu ! Nous avons (quasi) le site pour nous tous seuls, peu de touristes ayant entrepris le trek et sa fameuse montée dans les mêmes dates que nous, surtout en saison des pluies.
Petit repos bien mérité à Marapata (avec tout notre bordel), au km 28 et, surtout, au
sommet de la fameuse côte, 1.300 mètres au-dessus de l'Apurimac
La tuna, fruit du cactus connu chez
nous comme figue de barbarie
 Petite anecdote sur le chemin du retour, après la visite de Choquequirao : Comme souvent, pendant les temps de descente, les deux garçons marchent  loin devant Juana et moi (peut-être qu'on discute trop?). A un moment sur le chemin, je dis à Juana : "C'est bon ça les tunas (figues de barbarie), comme on en voit le long du chemin ?". Elle me répond que "oui" et qu'on ferait bien une petite pause pour en manger une ! Pas de bol, toutes deux nous avions oubliés qu'autour de ces tunas, il y a pleins de petites épines peu visibles ... Nous voilà arrivés avec 20 minutes de retard près des garçons avec des épines pleins les mains... Même pas boulette sur ce coup-là. Que voulez-vous, ma  gourmandise...


Au retour, nous croisons une petite fille de 6-7 ans avec un gros pansement au doigt. Elle explique à Juana qu'elle s'est blessée avec un petit outil. Nico et moi avions sur nous notre trousse de secours, et Nico a tenté de la soigné comme il pouvait, mais à peur qu'elle perde son doigt, vu l'état de la blessure! Le village dans lequel elle habite est à deux jours de marche du village de Cachora et à plusieurs heures de bus de Cusco; le médecin est rare dans les contrées et pas sûr que les parents aient l'argent nécessaire pour le payer! Confrontatin brutale avec la réalité des conditions de vie.

Néanmois, nous nous sommes tellement bien amusés à faire ce trek en compagnie de Juana et Nico que nous partons tous les quatre de nouveau, pour cette fois découvrir le Machu Picchu ! Rendez-vous donc dans quelques jours pour vous conter notre ascencion à l'assaut de cette merveille du monde ! En attendant, ils ont changé d'hôtel et sont à présent dans le même que nous. Bon petit gueleton qui se prépare à quatre, cette fois avec de la viande, pâtes carbo et vin. A oui parceque la viande a manqué à certains, la nourriture en général et pour une fois ce n'est pas la grosse gourmande que je suis qui s'est plainte, mais bien Romain. "Trop dur de ne pas manger des crasses entre les repas", dit-il. D'ailleurs, à peine rentré à Cusco, il s'est jeté sur deux menus du MacDo, rien que ça...

Juana et Nico mangeant de la canne à sucre donnée par un paysan passant par là.  Les gens ont été super gentils avec nous très gentils sur le chemin, peut-être parcequ'il ne sont pas incommodés par des flots de touristes... Et la canne à sucre, ben c'est vachement bon!
Fanny apprécie la marche en montagne sous le soleil !
Romain est fier de marcher sur les traces des archéologues
à la recherche de la cité perdue de Choquequirao !
Fin du trek : Nico, Juana, Fanny et Romain semblent fatigués ...
mais ô combien comblés par ce qu'ils ont vu... et verront encore !
Romain & Fanny

11 commentaires:

  1. cool vos photos! j'adore la momie!

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    1. C'est moi qui ai inspiré Hergé pour Rascar Capac !

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  2. Les paysages sont vraiment splendides !

    Quatre heures pour gagner 100 mètres de dénivelé ? Vous avez dû pousser le bus en fait ? ^^
    Et 28 kilomètres en 1 jour, chapeau, surtout vu le dénivelé et les kilomètres avalés les jours précédents !

    Dans les ruines, il semble qu'il ne fasse par moments pas bon d'être claustrophobe ou d'avoir le vertige !

    Je sais que ce n'est pas bien de rire du malheur des autres mais j'imagine trop bien la tête qu'ont pu avoir les garçons quand vous êtes arrivées 20 minutes plus tard après votre escapade gourmande infructueuse ^^

    "A oui parceque la viande a manqué à certains"
    > Héhé...


    En tout cas, si le trek a dû être épuisant, il n'en a sûrement pas moins été vivifiant !
    Et c'est chouette que vous puissiez trouver des compagnons de route — oserais-je même dire d'aventures ? — ci et là.

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    1. Euh ... 100 m en 4h ? Où donc ? :)

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    2. -> "trajet Cuzco (3.400m) - Ramal de Cachora (3.500m) en bus (4h)"
      Je parlais de dénivelé global. Mais c'est vrai que rien n'empêche de monter et descendre en ne gagnant au final que 100 mètres d'altitude ^^

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  3. ouèèye! content de voir que ca vous a tant plu! Romain, qu'est-ce que t'as pensé des terrases pas encore découvertes? la classe, non?
    tardez pas pour la Bolivie, c'est ce que vous allez preferer!
    à tte!
    T

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  4. Un seul mot pour vos photos : époustouflantes !

    P.S.: Nico me fait penser à Arnaud Deflem !

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  5. Coucou vous deux, j'ai enfin trouvé le blog (vaut mieux tard que jamais). Je n'ai vu qu'une partie mais ça a l'air superbe ! Je chinerai plus demain promis gros bisou

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  6. Franchement chapeau ! Comme Romain peut s'en souvenir, je suis pas très fort en trek (...Irlande...). Donc je suis en admiration devant cette escapade "montagneuse".

    N'empêche que ça fait quand même vibrer ma fibre "historique"... Je pense que Romain a dû partir dans des délires tout seul dans sa tête... Je me trompe?

    Sinon Fanny, j'adore l'épisode des tunas !!! J'en ris encore...

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