mercredi 28 décembre 2011

Les royaumes de la côte nord du Pérou

Aaah, le Pérou ... Terre promise pour de nombreux archéologues ! Et pour cause : foyer des célèbres Incas, mais aussi d'autres civilisations nous ayant laissé quelques joyaux (architecture, orfevrerie, ...). Quoi de plus normal donc que de vous proposer un petit apercu "archéologique" de nos premières découvertes de cette deuxième étape de notre périple !

A l'instar des civilisations de La Tolita, Valdivia, Manta, Jama-Coaque, etc. en Equateur, la côte semble avoir séduit bon nombre de cultures au Pérou ayant connu un essor plutôt conséquent avant l'arrivée des Incas. Au Nord de l'actuelle Lima (ndla : ville fondée au 16e siècle par Pizarro), trois civilisations ont essentiellement marqué les esprits. Les civilisations Moche (ou Mochica), Sicán et Chimú ont ainsi dominé la côte nord du Pérou entre le 2e siècle PCN et l'arrivée de Tupac Yupanqui qui annonce la domination incaïque sur l'ensemble du territoire nord de l'actuel Pérou. Autant vous le dire de suite, on ne vous parlera pas de la culture Sicán (on a pas pris/eu le temps de visiter les sites associés à cette culture). Par contre, les deux autres cultures valent vraiment la peine de leur consacrer ce premier article "péruvien" !

Culture picturale moche
C'est en effet au deuxième siècle PCN que la civilisation Moche (ou Mochica) a pris l'ascendant sur ses voisines dans la région de l'actuelle Chiclayo (au même moment, sur la côte sud, on retrouvait les Nazca, dont nous vous parlerons plus tard). Cette culture s'est élevée au départ de deux principaux foyers : la cité de Moche (d'où provient le nom) et celle de Sipán (et de leurs illustres seigneurs).

Boucle d'oreille retrouvée dans la
tombe du Seigneur de Sipán
(10 cm de diamètre, il avait de très
grands trous dans les oreilles !!)
De ces deux foyers, il reste essentiellement deux vestiges qui valent la peine de s'y poser quelques heures. En descendant de l'Equateur, notre premier arrêt aura ainsi été le Museo Tumbas Reales de Sipán. On pourrait le résumer en un mot : extraordinaire ! Il s'agit d'un musée récent (2002) particulièrement bien concu, très pédagogique, qui renferme les inombrables trésors découverts en 1987 par son directeur dans la région de Sipán. Il s'agit en fait d'une quinzaine de tombes superposées les unes aux autres (de facon chronologique) et dont les vestiges, datant du 3e siècle, sont incroyablement bien conservés ! Il faut dire que les Seigneurs de Sipán (on en a retrouvé deux) savaient bien vivre ! Ceux-ci furent enterrés selon la tradition moche avec leurs bijoux, couronnes, vêtements de cérémonie, ainsi qu'avec... leurs femmes, des militaires et d'autres personnes pouvant leur être d'une quelconque utilité dans l'au-delà ! Tout est fait de cuivre, d'argent et d'or, ainsi que du fameux coquillage spondylus (utilisé comme monnaie par certaines civilisations amerindiennes).

Le musée propose ainsi au premier étage un apercu de la culture moche (cosmologie, panthéon, agriculture, pêche ...), le tout illustré par des dessins sur poteries incroyablement bien conservées. Ensuite, le premier étage propose la découverte des objets précieux (il y en des centaines !) trouvés dans la tombe du Seigneur. L'étage suivant présente notamment une reproduction de la tombe et de nouveaux objets découverts aux abords de celle-ci. Le dernier étage est consacré aux autres tombes. Notamment le sacerdote (sorte d'éminence religieuse principale) et le "vieux seigneur" de Sipán, aîné du second de... 150 ans !

Plaza de Armas, Trujillo
Un musée époustoufflant donc qui restera une bien belle première accroche du Pérou ! Mais ne nous arrêtons pas ici ! Quelques centaines de kilomètres plus au Sud, aux abords de l'actuelle Trujillo, se trouve l'autre prestigieux vestige de la culture moche : les huacas del sol y la luna, temples (le premier ayant fonction asministrative ; le second une fonction cérémoniale) entourrant l'ancienne cité de Moche. Si le premier ne se visite pas (car actuellement sujet à d'importantes fouilles), le second présente une curieuse construction de type pyramidale. En effet, ce temple a connu plusieurs agrandissements durant son existence (estimée à environs 5 siècles). Et lors de chaque agrandissement, les contours du temples étaient tout simplement recouverts par un nouveau niveau. Pour quelle raison ? On l'ignore ... On ignore d'ailleurs beaucoup de choses sur cette culture ! En effet, par exemple, celle-ci avait pour dieu principal Ai-Aepec, le dieu de la montagne. Alors pourquoi consacrer les deux principaux temples de la cité au soleil et à la lune ? Certains ont des théories parfois farfelues. Ainsi, quelques archéologues prétendent ainsi que la culture moche serait en réalité des colons Aztèques (car l'on retrouve pareilles constructions sur leur territoire au Mexique).
Représentation du Dieu de la montagne de la civilisation Moche
On peut voir sur cette image le 3e niveau mis à jour par les archéologues (en bas) et le 4e niveau (en haut)
Huaca del Sol, centre administratif de la cité de forme pyramidale ayant souffert du temps et de l'érosion.
Toujours est-il que les huacas sont un complément plus qu'intéressant à la visite du musée de Sipán. On y apprend ainsi que la culture moche pratiquait le sacrifice humain (avec tout un ritule de combats opposant deux guerriers, le perdant étant décapité et son sang versé à la terre en guise de fertilité ou ingéré par le sacerdote comme offrande aux dieux). On y apprend aussi la raison de la fin de cette civilisation : El Niño ! Mais aussi de réguliers tremblements de terre et d'interminables crues des fleuves avoisinnants. Devant tant de déchainement climatique et l'impuissance du sacerdote, les Moches s'effacèrent à la fin du 7e siècle, laissant la place à une autre culture qui en profita : la culture Sicán.

Celle-ci aura régné durant trois siècles sur la région. Elle était originaire des Andes et est considérée apparemment comme les descendants/cousins notamment de la culture de Tiahuanaco (on en reparlera quand on sera en Bolivie). Bref ...

Vue d'ensemble des ruines du dernier palais du gouverneur
Chimú. Les losanges représentent des filets de pêche.
Vers l'an Mil, c'est une troisième culture qui prend le pouvoir sur la région : la culture Chimú. Leur capitale, Chan Chan (célèbre aussi pour la fameuse chanson), se trouve non loin de Trujillo et ses ruines en adobe (mélange de boue, d'argile et de sable) sont inscrites au Patrimoine mondial de l'UNESCO. Il s'agissait d'une vaste cité (60.000 personnes y auraient vécu à son apogée) où neuf rois se sont succédés. Chacun d'eux avait édifié son propre palais, et c'est celui du dernier roi, le mieux conservé, que l'on visite aujourd'hui. Celui-ci est s'étend sur plusieurs centaines de mètres carrés et se composent de nombreux espaces. Le style architectural, en adobe donc, est truffé de référence à la mer (on est d'ailleurs à moins de deux kilomètres de la mer) : loutres, pélicans, filets de pêche ...
Bas-relief représentant des loutres, symbolisant l'ouverture de la période de pêche.
La cité bénéficiait notamment d'une certaine avancée technologique importée par les Chavín (on en reparlera aussi plus tard !) : l'irrigation par canaux. Il aura fallu 10 ans aux Incas pour trouver la faille dans le système d'irrigation chimú pour pouvoir soumettre la ville en 1470 !

Une fois Chan Chan tombée, les Incas se sont alors dirigé plus au Nord encore, vers l'actuel Equateur (rappelez-vous Ingapirca) pour étendre leur domination sur tout le nord de l'Amérique latine ... Mais nous reparlerons bien évidemment des Incas plus tard, lorsque notre voyage nous aura mené dans leur capitale historique et emblématique : Cuzco !

Romain & Fanny


PS : Etant donné l'interdiction de prendre des photos dans le musée de Sipán et l'impossibilité chronique des ordinateurs péruviens à lire les cartes d'appareil photo, les images illustrant cet article sont tirées d'Internet, mais montrent toutes des choses que nous avons pu apprécier ...

2 commentaires:

  1. Vraiment dommage pour nous de ne pas pouvoir assister par photos à la visite de ce splendide musée. Pourtant on peut maintenant faire des photos un peu partout, sans flash évidemment.
    Qu'est-ce que c'est la chanson "Chan chan" ?
    A propos, qu'entendez-vous comme musique à la radio ou sur les marchés ?

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  2. C'est frustrant de ne pas pouvoir montrer nos photos, en effet. Et Sipan reste un des rares endroits o`personne (pas même la presse !) ne peut faire de photos !.
    Chan Chan (chanson sur les ruines) est une chanson populaire sud-américaine, l'une des plus connues avec Hasta Siempre Commandante (sur Che Guevara).
    Mais la musique ici diffère légèrement de celle d'Èquateur. Là-bas, c'était raggaetone et electropop tout le temps. Pour ceux qui le voudraient, quelques "artistes" qui tournent en boucle sur les radios de Quito : Aldo Ranx, Big Ali, Daddy Yankee, Shakira ... Ici au Pérou, c'est un peu moins electro, tout en restant latino avec une pointe de sonorités asiatiques. Faut dire que l'ex-Président Fujimori (un Japonais) a marqué les esprits tant ici qu'au Japon ! C'est donc plus typique, moins connu en Europe (personnellement, je ne connais pas ls "artistes") et aussi plus saoulant ! Sans oublier de mentionner la musique des bus qui ici n'a rien 'a voir ! C'est des titres connus (ex. : Under my thumb des Stones, Here comes the sun des Beatles, Heroes de David Bowie) remixés en musique pour ascenseurs ! Avec de temps à autres, des airs de flûte de pan ...

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